« On fait ça à la bonne franquette. On flash à gauche, on tourne à droite. C’est comme ça que ça se passe au Québec. On fait ça à la bonne franquette. »

Éric Maheu, chanteur du groupe Kaïn

Français d’Amérique

Un miracle historique, rien de moins! Dans un continent où les langues majoritaires et officielles sont l’anglais et l’espagnol, du nord au sud de l’Amérique, le Québec fait office de village gaulois s’accrochant au français, dont il a fait sa seule langue officielle. L’anglais et d’autres langues sont également parlés, en particulier dans les villes.

On a une petite surprise linguistique pour vous, cependant, chers visiteurs francophones d’ailleurs : si vous arrivez à nous comprendre dans ces pages écrites en français, vous allez probablement avoir tout un choc en nous entendant parler! Notre langue se dédouble en français écrit (où nous faisons bien attention à nos termes et structures de phrases) et en français oral, qui dénote un relâchement... assez particulier! On vous garantit des heures de plaisir et de rires à essayer de nous comprendre et de vous faire comprendre (parce que vous aussi, vous avez un accent, surtout quand vous êtes au Québec!). On vous a concocté un petit lexique pour vous aider à vous préparer.

Une langue métissée

Entre les archaïsmes, les néologismes, les anglicismes, les québécismes, les régionalismes et les emprunts à d’autres langues, on peut dire que le français du Québec s’est métissé à travers le temps et les cultures!

Le français est la langue officielle du Québec, d’usage, d’affichage, d’enseignement et de travail (Loi 101, 1977). Ni un dialecte ni un patois, il provient des premiers colons français venus principalement de la Normandie, de la Bretagne, de la région parisienne et du Poitou, arrivés de 1608 à 1760 en Nouvelle-France.

Presque cinq siècles plus tard, notre langue a survécu et évolué. Selon l’âge des gens et les régions, les tonalités et les prononciations diffèrent, comme dans n’importe quel pays, n’est-ce pas? Bon, on emploie des mots différents et on a un ou plutôt des accents qui font friser les oreilles des non-initiés. Mais ceux-ci sont de moins en moins nombreux, car la culture et les talents québécois rayonnent bien au-delà de nos frontières. On a quand même une vedette qui a fait le tour du monde, en français et en anglais, Céline Dion. Bref, vous découvrirez un Québec riche en expressions colorées.

Langues autochtones

Au Québec, neuf des dix langues autochtones sont couramment utilisées pour communiquer. Le wendat n’est malheureusement plus parlé. Ces langues aux mots très imagés ont inspiré la toponymie de plus de 12 000 lieux au Québec. Un héritage de près de 10 % de notre toponymie officielle.

Des exemples? Québec (de kebec, terme algonquin) signifie « là où le fleuve se rétrécit »; Saguenay (terme innu) : « eau qui sort » ou « source de l’eau ». Gaspé (dérivé du terme micmac gespeg) : « fin des terres »... Vous pouvez aller à la rencontre des Québécois des Premières Nations dans le cadre d’expériences des traditions autochtones.

Oui, mais où? On retrouve 11 communautés autochtones réparties dans 55 localités. Les Inuits, les maîtres du Grand Nord, sont établis dans 14 communautés sur les rives du Nunavik.

Dur de comprenure?*

Lexique québécois

Voici quelques mots et expressions de notre « parlure ». Notez les faux-amis (mots français qui n’ont pas le même sens ici) et les anglicismes, tout en vous rappelant que tout le monde n’emploie pas ces mots.

Tutoiement : vous entendrez beaucoup tutoyer, par exemple dans les magasins et les restaurants. Et plutôt deux fois qu’une dans la forme interrogative : on répète souvent le tu, comme dans « Tu viens-tu de la France? ». On ne vouvoie généralement que les gens que l’on considère plus âgés que soi et les personnes en position d’autorité.

Vous dites : Merci! Vous entendrez, en retour, Bienvenue! (mais aussi : avec plaisir ou de rien).

La valise de l’auto (le coffre de la voiture).

Barrer la porte (verrouiller), revirer de bord (retourner sur nos pas), chauffer un char (conduire une voiture).

Des souliers (chaussures), des espadrilles (chaussures de sport, tennis, basket), une tuque, des mitaines, un foulard (un bonnet, des moufles, un cache-nez), des combines (sous-vêtements d’hiver), des gougounes (sandales de plage, tongs).

Une débarbouillette (carré de serviette faisant office de gant de toilette).

La facture (l’addition au restaurant; le reçu de caisse au magasin).

Magasiner (faire du shopping), aussi dans le sens de chercher la meilleure aubaine (ex. : magasiner une excursion aux baleines).

C’est tiguidou! (Tout va bien! Génial!).

Chocolatine : si le débat fait rage en France, au Québec on a tranché! Le pain au chocolat est passé à la...« guillotine ».

Vous remarquerez qu’on a de la jasette (du bagou).

Vous êtes prêt-e à tomber en amour avec le Québec, maintenant!

*Dur de comprenure = difficile à comprendre

Coutumes et traditions

Le cliché des Québécois typiques est un savant mélange de « joie de vivre » latine, de pragmatisme anglo-saxon et de sensibilité amérindienne au changement des saisons! On aime donc faire la fête (des festivals, en veux-tu, en v’là!), on fait la file aux arrêts d’autobus à Montréal (mais pas à Québec, trop latin!) et on parle sans cesse de la météo actuelle… mais aussi de celle de l’année passée à la même date et de celle de l’hiver à venir. C’est notamment lié à notre besoin de savoir comment s’habiller en conséquence.

On a beaucoup d’autres coutumes, dont certaines sont bonnes à savoir, surtout si vous êtes de passage au Québec pour la première fois :

Les fêtes populaires

Les congés fériés et les fêtes populaires marquant l’année pour les Québécois sont : Noël, veille du Jour de l’An, Pâques, Saint-Jean, le 1er juillet (fête du Canada, mais surtout journée du grand déménagement), fête du Travail, Action de grâce, Halloween (pas férié mais fêté!).

Les ventes de garage

Dès le printemps, les Québécois font du ménage, souvent en vu d’un prochain déménagement. Ils organisent alors des ventes de garage pour liquider leurs biens de tous genres, des vêtements aux articles de maison. Non, on ne vend pas le garage lui-même, mais ce qu’on y a entassé ou qui est inutilisé à la maison et qui prend la poussière. Vous verrez très souvent de longues tables avec un tas de trucs… inutiles pour certains, trouvailles ou même trésors pour d’autres! En d’autres mots, ce sont des ventes débarras ou vide-grenier.

À table

Comme nos ancêtres et nos cousins suisses et belges, le midi on dîne (ou on lunche) et le soir on soupe. Le matin on déjeune. C’est rarement un petit déjeuner, plutôt un bon gros déjeuner, encore plus copieux quand on le prend en brunch entre amis ou en famille les fins de semaine (week-ends), surtout le dimanche. Surtout pas trop tôt le matin; vers 11 h. Généralement après le brunch, on se rend jusqu’à l’heure du souper, vers 18 h ou 19 h.

Au restaurant

Bon à savoir : un grand nombre de restaurants non licenciés (qui n’ont pas de permis d’alcool) affichent l’enseigne « Apportez votre vin ou votre bière ». Prévoyez un arrêt à la Société des alcools du Québec (SAQ) pour vous acheter une bonne bouteille. On vous l’ouvrira et vous la servira sans frais au restaurant.

À votre arrivée, remarquez deux choses : la serveuse ou le serveur vous apporte de l’eau, parfois du pain, et vous demande si ça sera une ou plusieurs factures. À la fin du repas, il ou elle reprécise le nombre de notes à préparer. Généralement, c’est chacun pour soi, au Québec. Les hommes ne paient pas systématiquement le repas de leurs partenaires; en fait, il y a toujours un petit malaise à ce sujet, mais on n’entrera pas dans les habitudes de couple.

Voici venue l’heure de la facture. Pour plus d’information à ce sujet, consultez la section Taxes, service et pourboire.

Les mesures

Il faut croire que les Québécois ont deux cerveaux, chacun ayant enregistré de l’information de nos deux principales origines, française et anglaise. Bien qu’on soit passé au système métrique en 1970, on a un discours quelque peu décousu, intégrant encore des mesures impériales britanniques. Ça va comme suit :

En épicerie, tout est pesé en métrique, mais sur les affiches des produits, en petits caractères, on retrouve encore la conversion en livres. Personne ne dit 454 grammes de beurre, mais bien une livre de beurre. Lorsqu’on parle de poids, on s’exprime aussi en livres, mais les plus jeunes parlent davantage en kilogrammes.

Sur la route, tout est en métrique. Les distances sont en kilomètres et c’est clair pour tous. Plus personne ne roule à 100 milles à l’heure. Heureusement, car 160 km/h, c’est trop vite (la limite est de 100 km/h).

Le métrique s’éclipse par contre massivement chez les matériaux de construction et les objets de tous les jours, par exemple les écrans d’ordinateur et les feuilles de papier, qui se mesurent en pouces. Tout comme la taille des gens : 5 pieds 2 pouces, six pieds… au lieu de 1,57 m et 1,80 m.

Le plus bel exemple de pensée binaire est quand on parle de la température : nos fours sont en Fahrenheit (350 °F = 180 °C), l’eau des piscines ou autres plans d’eau est chaude à 80 °F (26,5 °C), mais on ne sait plus ce que 45 °F ou -38 °F représente, parce qu’on utilise les degrés Celsius quand on parle de la météo.

On pourrait dire que les Québécois ont développé un « bilinguisme » pour les mesures!

Les noms québécois

La plupart des noms de famille à consonance française proviennent de la période de la Nouvelle-France (1608-1760). Les colons arrivaient principalement de la Normandie, de la Bretagne, de la région parisienne et du Poitou. Les patronymes sont souvent issus de surnoms, sobriquets ou noms dits reflétant le lieu d’origine (Lafrance, Normand, Potvin – déformation de Poitevin), le métier (Boucher, Boulanger, Cloutier) ou une caractéristique (Leblond, Belhumeur, Jolicœur, Legrand).

Les Québécois sont friands de généalogie, tout comme bon nombre de Canadiens anglais et d’Américains qui ont des ancêtres Canadiens français. Les archives sont à peu près intactes depuis le début de la colonisation, favorisant les recherches et le tourisme généalogique, par exemple à la Maison de nos Aïeux, à l’île d’Orléans (région de Québec), berceau de l’Amérique française.

Maintenant, les noms de famille se diversifient avec l’apport de l’immigration (12,6 % de la population québécoise, d’après Immigration Québec). Ils sont parfois composés des noms des deux parents, puisque depuis 1981 les enfants peuvent porter le nom du père, de la mère ou la combinaison des deux. C’est aussi cette année-là que le Québec a statué sur les noms à la naissance, seuls patronymes officiels, alors les femmes mariées ne portent pas le nom de leur conjoint.